les images d'Eric B

Les images d’Éric B

Sous les aplats noirs, dans les couloirs sombres,
Entre fragments de nuit et grains d’obscurité,
La lumière se glisse, s’amarre, s’installe.
Farouche, timide, effrontée, elle trouve sa place.
Par-dessus tout, par-dessus bord, à contresens,
Courbes enchevêtrées,
Découpages indécis
Ou verticales obliques,
Elle invente sa géométrie fantasque et nécessaire.
Alors surgit l’histoire originelle, la rencontre entre Ombre et Lumière, qui
dessina le monde, qui inventa le temps.
C’est cette histoire qu’Éric B nous raconte.
Il dit l’éternité de la pierre sous la tache de clarté et le silence de l’arbre dans le ciel lumineux.
Il dit les vibrations de l’eau griffonnées sur la musique de l’ombre
Il dit le presque tout de nuit, mêlé au presque rien de jour
Il dit le noir qui chante la vie dans un coin de nous-mêmes.
Qui déploie son mystère, arrive en pleine lumière et ne dévoile rien.
Le noir diaphane, vapeur d’opacité qui nimbe le monde d’un souffle retenu.
Il dit comment, entre ombre et lumière, le temps s’arrête, le temps se ferme, le temps s’enfuit.
Sous les aplats compacts, dans les couloirs occultes,
Entre fragments de lueur et grains de petit jour,
Se trace un long chemin de temps et de pensées, de rêve et de questions,
de regard étonné, d’énigmes.
Un chemin rectiligne, qui monte et qui descend.
Tourne, s’arrête.
Repart, s’éloigne.
Et qui un jour revient avec l’image trouvée.
L’image qui était là. Depuis longtemps. Qui attendait de naître.
Patiente et résolue.

Michèle Vannini